Connaissez-vous Kaikai et Kiki, les personnages des tableaux de Takashi Murakami ? – Ça m'intéresse

Des marguerites flashy et souriantes, des visages hilares… Vous regardez une œuvre de Takashi Murakami, le Andy Warhol nippon.
Enfant, ce diplômé des beaux-arts japonais rêvait de devenir dessinateur de mangas. Artiste, il s’en inspire pour créer des œuvres d’art. A partir de créatures difformes ou de petits monstres ridicules, il compose des peintures, des sculptures, des vidéos ou des objets en série, mettant en scène un monde déjanté et excessif. Inventeur d’un art 100 % japonais, il est devenu, en dix ans à peine, l’une des stars du marché de l’art contemporain. A 48 ans, il passait au sixième rang du classement mondial des artistes vivants les plus chers au monde. Sa sculpture « My Lonesome Cowboy », un jeune homme nu faisant un lasso avec son sperme, s’est même vendue 15 millions de dollars en 2008. Ironie du sort, seul le Japon fait encore de la résistance et lui reproche d’être un businessman plus qu’un artiste.
La palette de Takashi Murakami emprunte au pop art américain. Car entre l’artiste et l’Amérique, c’est une histoire d’amour. De 1993 à 1995, le plasticien nippon s’expatrie pour s’installer à New York. Il y découvre avec passion le cinéma de Hollywood (en particulier les films de George Lucas et de Steven Spielberg), les dessins animés de Walt Disney et, surtout, le pop art, avec son chef de file, Andy Warhol. Dès lors, comme Warhol, Murakami fusionne art et culture populaire. Il incorpore à ses toiles des images issues de la société de consommation et du divertissement de masse. L’artiste reprend également la recette qui fut à l’origine du succès de son maître américain : une savante combinaison d’icônes pour les musées et de produits dérivés pour le grand public. A côté de son activité de plasticien, il enchaîne les commandes: il photographie Britney Spears en petite fille façon manga, dessine des sacs pour Louis Vuitton ou réalise le clip « Good Morning » du rappeur Kanye West.
L’un est blanc, avec de longues oreilles et une bouche souriante (Kaikai), l’autre rose, avec de petites oreilles, trois yeux et des dents pointues (Kiki). Ces personnages, que l’on retrouve de manière récurrente dans son œuvre, sont un peu les bons génies de Murakami. L’artiste a d’ailleurs baptisé, en 2001, Kaikai Kiki Corporation la société qu’il a fondée pour faire connaître les jeunes artistes japonais qui marchent dans ses traces. Mais aussi pour produire ses œuvres ainsi qu’une quantité impressionnante de gadgets. Murakami est aussi un businessman planétaire qui dirige une équipe d’une centaine de collaborateurs, de Tokyo à New York. De ses bureaux situés au centre de Tokyo sur trois étages et de son immense atelier-usine à la périphérie de la ville sortent chaque année jusqu’à cinquante œuvres, sans compter les multiples produits dérivés (montres, logos, tee-shirts, tapis de souris).
Murakami en raffole ! Et pour cause ! La fleur est un classique de l’art japonais traditionnel. Elle célèbre la vie et la fugacité des choses. Sous ses apparences pop, l’artiste conserve l’un des aspects essentiels du goût du décoratif de ses ancêtres. C’est d’ailleurs à la très conservatrice Tokyo National University of Fine Arts and Music (l’équivalent de notre Ecole nationale des beaux-arts) qu’il a appris à dessiner ses premiers motifs floraux. « Au début, je n’aimais pas les fleurs, mais plus je les travaillais, plus je les trouvais mignonnes : chacune semblait avoir ses sentiments, sa personnalité », dit l’artiste. Devenu lui-même collectionneur de fleurs, il possède aujourd’hui ses propres serres. Ainsi, l’art apparemment simpliste de Murakami puise en réalité aux sources de la tradition : l’iconographie bouddhiste, les rouleaux peints du XIIe siècle, les estampes japonaises, les paravents de l’ère Edo. Mixant les techniques anciennes comme la peinture à la feuille d’or et les technologies de pointe, il jette des ponts entre le passé et le présent, le Japon et l’Occident.
Rien ne se détache, les personnages sont comme fondus dans les marguerites. On dirait du papier peint. L’espace pictural est littéralement aplati et peut être contemplé de manière identique depuis différents points de vue. C’est ce que l’artiste appelle le superflat (extraplat), son style inspiré des bandes dessinées japonaises. Mais, au-delà de cet aspect bidimensionnel, ce concept désigne une création qui cherche à lisser les frontières traditionnelles entre art populaire et grand art, art occidental et art oriental, œuvre unique et multiple… Murakami a produit un « nouveau japonisme » qui n’est plus une imitation de l’art occidental.

Takashi Murakami, 2010. © Sodacan / Wikimedia Commons
1962 Il naît à Tokyo, dans une famille modeste passionnée d’art.
1980 Il entre à l’Université des beaux-arts de Tokyo, où il obtient, en 1986, son diplôme en nihonga (peinture traditionnelle japonaise).
1990 Il s’initie à l’art contemporain.
1993 Il s’installe à New York. Premiers grands succès.
1996 De retour à Tokyo, il fonde la Hiropon Factory, à mi-chemin entre les ateliers traditionnels et les corporations japonaises modernes.
1997 Murakami crée ses premiers « garage kits », des sculptures érotiques à échelle humaine, issues de la culture otaku.
2001 Le Moca de Los Angeles lui consacre une exposition personnelle.
2002 Murakami part à l’assaut de l’Europe. Sa cote flambe.
2003 Il commence à collaborer avec la maison de luxe Louis Vuitton.
2008-2009 Rétrospectives à Los Angeles, New York, Francfort, Bilbao.
2010 Son exposition au château de Versailles déclenche une vive polémique. Les œuvres de Takashi Murakami sont présentes dans les collections des plus grands musées d’art contemporain du monde.
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