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Selon des témoins locaux, des centaines de religieux bouddhistes auraient été contraintes de fuir leurs monastères de l’Est birman pour échapper à d’intenses affrontements entre la junte militaire et les groupes rebelles. Devant l’escalade du conflit, l’Église catholique a appelé mercredi 12 janvier tous les fidèles chrétiens à l’unité et à la prière.
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En Birmanie, des centaines de moines contraints de fuir les combats
Des réfugiés se sont installés temporairement sur la rive du fleuve Moei, à la frontière entre la Thaïlande et la Birmanie.
PHOBTHUM YINGPAIBOONSUK/SOPA VIA REUTERS
Ils seraient des centaines à avoir été contraints d’abandonner leurs monastères, aux confins de l’Est birman, sanglant théâtre depuis près d’un an de la guerre civile opposant la junte militaire au pouvoir et les factions rebelles. Plusieurs témoins ont rapporté, dimanche 16 janvier, à l’Agence France-Presse (AFP) avoir observé un important mouvement de départ de religieux bouddhistes vers des zones moins exposées aux affrontements.
→ CONTEXTE. En Birmanie, la résistance à la junte ne faiblit pas
Dans la ville de Loikaw (État de Kayah), à la frontière thaïlandaise, une trentaine d’édifices auraient été désertés de leurs occupants, a indiqué une source sous le couvert de l’anonymat, assurant encore que de nombreux moines auraient également quitté l’agglomération de Demoso, distante de quelques kilomètres. Depuis quelques jours, ces territoires sont ciblés par des frappes aériennes et des tirs d’artillerie. Alors que l’ONU estime que la moitié de la population de Loikaw a dû partir et que près de 90 000 personnes de l’État de Kayah ont fui, des médias locaux chiffrent, eux, à plus de 170 000 le nombre de personnes déplacées.
Les violences dans les États de Kayah, de Chin et de Karen, principalement chrétiens, ont également obligé de très nombreux fidèles birmans à quitter leur maison, et à chercher refuge au sein d’institutions ecclésiales. Devant cette nouvelle escalade du conflit, l’Église catholique a lancé mercredi 12 janvier un appel à tous les fidèles à l’unité et à la prière pour le « retour de la paix ».
En Birmanie, le cardinal Bo critiqué pour son dialogue avec la junte militaire
Sur un territoire « déchiré par le Covid-19, la faim, la guerre civile et les tortures », les catholiques ne doivent « pas perdre espoir » et doivent garder « une foi profonde » en Dieu, a exhorté Mgr Marco Tin Win, archevêque de Mandalay, la deuxième plus grande ville de Birmanie, en appelant plus spécifiquement à faire « une heure d’adoration » chaque samedi soir. Membre du Conseil pontifical pour le dialogue interreligieux, il est l’une des seules personnalités publiques à s’afficher ouvertement en soutien des militants pro-démocratie.
Ce pays d’Asie du Sud-Est a basculé dans le chaos depuis le 1er février 2021 : un coup d’État a renversé la présidente Aung San Suu Kyi et mis fin à une décennie de transition démocratique. Ces derniers mois, la résistance à l’armée gouvernementale s’est fortifiée autour de milices et d’un nombre croissant de civils. Depuis le putsch, la communauté internationale reste impuissante dans ses tentatives de révolution du conflit. Selon un rapport de l’ONU en date du 11 janvier, environ 1 400 Birmans auraient perdu la vie, et 1 550 maisons et autres propriétés civiles – y compris des églises et des écoles – auraient été détruites.
→ ENTRETIEN. Agnès Callamard : « L’universalité des droits est un principe fondamental »
La veille de Noël, dans l’État de Kayah, au moins 35 personnes ont été tuées, leurs corps brûlés, lors d’un massacre imputé aux militaires.« Quand cesseront les décennies de guerre civile au Myanmar ? », interpellait avec virulence le cardinal Charles Bo, archevêque de Rangoun et président de la Conférence des évêques catholiques du Myanmar (CBCM), dans un appel lancé au lendemain du drame. « Quand pourrons-nous jouir d’une vraie paix, de la justice et de la vraie liberté ? Quand cesserons-nous de nous tuer les uns les autres ? »
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