Il raconte sa vie de moine bouddhiste, maquilleur professionnel et homosexuel – Le HuffPost

À 33 ans, le Japonais Kodo Nishimura porte de multiples casquettes. Dans son livre « Le moine en talons aiguilles », il revient sur sa vie dans la religion, le militantisme LGBT+ et le maquillage.
TÉMOIGNAGE – Quand il entre dans les locaux de la rédaction, une sagesse s’émane. Kodo Nishimura est impressionnant. Pourtant, il ne fait qu’1m70 et est plutôt timide. Mais l’association de sa tenue étincelante, son maquillage parfait et son sourire bienveillant, fait que tout le monde se retourne sur son passage lorsqu’il se dirige vers le studio vidéo. Il faut dire que le Japonais ne passe pas inaperçu. Moine bouddhiste, maquilleur professionnel et homosexuel, il fait partie de ces personnes que l’on ne rencontre qu’une fois. Dans son livre Le moine en talons aiguilles, paru en septembre aux éditions Trédaniel, il raconte son parcours, de la honte à l’acceptation de soi, du rejet à l’adoption de la religion.
Kodo Nishimura est né il y a 33 ans dans le temple bouddhiste de son père, à Tokyo, au Japon. « Les personnes de notre communauté disaient à mon père : “Félicitations, maintenant que tu as un fils, tu peux te détendre”. En fait, ils pensaient que j’allais hériter du temple et que mon père n’avait pas à s’inquiéter pour l’héritage », raconte-t-il au HuffPost dans la vidéo ci-dessus. Mais le petit garçon rêve déjà « d’être une princesse », bien loin des obligations religieuses. Kodo commence alors à rejeter le bouddhisme et explique à ces camarades que Bouddha n’existe pas, que tout a été inventé et que le paradis n’est qu’une illusion.
L’école n’a pas été un moment facile pour le jeune homme. Conscient de son homosexualité depuis qu’il est enfant, il cache qui il est vraiment. « Beaucoup d’enfants regardent des animés, et dans ces derniers, les personnes de la communauté LGBT+ sont dépeintes comme étant méchantes, bizarres ou perverties, précise-t-il. Donc, je sentais que si j’assumais ma sexualité, j’allais être discriminé ou qu’on me verrait comme étant une mauvaise personne. »
Lassé de devoir jouer un rôle, celui qui rêve de glamour et de paillettes, s’envole pour les États-Unis à l’âge de 18 ans, avec l’espoir d’y trouver une liberté qu’il ne peut se permettre au Japon. Arrivé à Boston, il s’inscrit dans une école d’art et rencontre des personnes qui assument leur sexualité au grand jour. « Ça a été une révélation », confie-t-il. Maintenant homosexuel revendiqué, il milite pour les droits LGBT+. Trois ans plus tard, il part à New York et se passionne pour le maquillage, jusqu’à en faire son métier.
Bien qu’il soit de l’autre côté de l’Atlantique, Kodo n’a jamais rompu avec ses racines japonaises. Encore moins avec son père, ancien moine, qui enseigne désormais le bouddhisme à l’université. Au fur et à mesure des années, il se rend compte que religion, homosexualité et maquillage ne sont pas opposés, et qu’au contraire, peuvent être liés. Alors, à 24 ans, il retourne à Tokyo et commence une formation pour devenir moine.
Mais là-bas, il se sent enfermé, comme obligé de se cacher. « Les hommes et les femmes étaient séparés, avec des chorégraphies et des règles qui sont propres à chaque genre, détaille-t-il. Je trouvais que c’était une culture très binaire donc j’avais peur de révéler ma sexualité. »
Plus il étudie le bouddhisme, plus Kodo trouve certaines consignes « archaïques et irréalistes ». Pas d’alcool, pas de maquillage, pas de parfum, pas de musique… La liste est longue et le jeune homme s’interroge. Il se souvient notamment de son père qui allait boire quelques verres avec des amis après des cérémonies. « Je me demandais donc à quel point ces règles étaient sérieuses », avoue-t-il. Perdu entre ce qui est bien ou mal, ce qui doit être respecté ou non, l’apprenti moine se dirige vers un maître de sa formation. Là encore, c’est une révélation.
« La bienveillance de Bouddha est comme le clair de la lune : elle éclaire tout le monde » : ces quelques mots du maître ont convaincu Kodo de poursuivre dans cette voie. « Il m’a assuré que ma sexualité n’est rien de mal et que de porter des paillettes n’est pas un problème. L’essentiel est d’aider les autres », rapporte le maquilleur professionnel. Mais alors, quel est le lien entre religion, maquillage et homosexualité ? « L’amour, l’acceptation de soi et des autres, la tolérance, répond-il. Chacun vit comme il le sent, tant que ça part d’une bonne intention. Il ne faut pas avoir peur d’être qui on est. » C’est aussi pour cela qu’il a écrit ce livre. Pour ceux qui n’osent pas faire de leur différence, une force.
Kodo devient officiellement moine bouddhiste à 26 ans. Pour autant, ses activités de maquilleur professionnel et de militant ne s’arrêtent pas. Toutes ses casquettes sont compatibles et il les porte à merveille.
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