La rencontre imaginée de Rishi Sunak et Charles III – France Inter

Après son avènement, il a souvent été question sur les réseaux sociaux des caprices de Sa Récente Majesté. Elle exigerait par exemple qu’on lui repasse ses chaussettes avant de les enfiler. On disait la même chose du roi des Belges Léopold II : il aurait ordonné qu’on lui repasse ses journaux avant de les lire. C’est un motif anti-monarchique qui traverse les siècles.
Néanmoins, nous disposons déjà de quelques éléments sérieux qui permettent de nous faire une idée des rapports qui pourraient surgir entre Charles et Sunak. Ainsi une biographie du nouveau roi, bien documentée même si elle n’est pas excessivement critique, signée Philip Kyle, parait-elle en français : elle  éclaire les relations que Charles, encore prince de Galles ,eut avec les gouvernements précédents.
Il a été, en face d’eux un lobby à lui tout seul, créant x fondations et institutions dont il a certainement oublié le nombre, écrivant aux responsables politiques, rien qu’entre 1987 et 1988, quelque mille lettres. Le Guardian obtint de la justice la publication de courriers supplémentaires qu’il adressa plus tard, en 2006-2007, aux ministres. Le quotidien d’inspiration républicain fit cependant chou blanc : si Charles y exposait certes toutes ses marottes, jamais il ne dévoilait une préférence pour un parti plutôt qu’un autre.
On n’est pas près de pouvoir dire s’il espère un cabinet travailliste plutôt qu’un cabinet conservateur.
Tout de même, il ne doit pas être mécontent de voir partir Liz Truss.
Parmi les sujets de prédilection de Charles, la ruralité jusqu’à la défense de la chasse à courre, l’architecture respectueuse de l’environnement… et l’environnement lui-même. Il n’a donc pas dû apprécier que Liz Truss le prie de ne pas se rendre à la prochaine COP 27, ce mois de novembre en Egypte. Il espérait pouvoir y prononcer un discours bien senti comme il a l’habitude d’en faire depuis longtemps sur la Terre en équilibre.
Il n’a pas dû être mécontent de voir Liz Truss empêchée à son tour de composer plus avant la délégation britannique à Charm El Cheikh.
Rishi Sunak, est le premier “non-Blanc” à Downing Street. Comment cela peut-il faire réagir le roi ?
C’est Meghan, l’actrice américaine que le prince Harry a tenté de greffer sur l’arbre des Windsor qui prétend que la famille royale serait par essence raciste.
Ici, en France, on aurait plutôt tendance à penser que Charles est un communautariste. La plus durable de ses Fondations a aidé à trouver un emploi ou à fonder une entreprise un million de jeunes qui appartiennent le plus souvent aux immigrations. Charles doit considérer  Sunak qui, soit dit en passant est deux fois plus riche que lui, comme un exemple de réussite qui peut aider à l”intégration des nouveaux venus dans le Royaume Uni.
On peut supposer que les deux hommes vont souvent parler des religions du vaste monde.
Charles maintenant chef de l’Eglise anglicane ne va certainement pas abandonner une position pour lui systématique : il défend le dialogue inter-religieux.
A Rome, en 1985, il aurait volontiers participé à une messe privée du pape si Elisabeth n’avait mis le holà.
Peu d’années auparavant, il avait passé beaucoup de temps avec une actrice indienne qui voulait l’entretenir d’hindouisme, de bouddhisme et de réincarnation.
L’Islam  l’intéresse particulièrement. Pour lui, il appartient à l’héritage de l’Europe, il a créé un jardin islamique dans un de ses domaines ; il entretient d’excellents rapports avec les dynasties de Jordanie, du Qatar et aussi d’Arabie-saoudite.
Cependant, depuis 2015, il a déjà baissé d’un ton dans sa valorisation de l’Islam et il va devoir prendre garde : il est aussi de par sa titulature Défenseur de la Foi anglicane. L’évêque de Rochester né pakistanais musulman l’a déjà prévenu : “Toutes les religions ne se valent pas”.
Voilà un sujet de conversation entre Charles et Sunak ; le couronnement, le 6 mai prochain, devra-t-il ou non intégrer en plus du sacre traditionnel une cérémonie inter-religieuse ?
L’échéance électorale normale que les conservateurs ont tout intérêt à respecter , c’est 2024. Rishi Kunak tiendra-t-il jusque là ?
Charles est déjà vainqueur de sa première manche avec ses chefs de gouvernement. Un dessin en une du Monde le dit très bien : “The Crown, six saisons. Liz Truss, simplement un court métrage”.
Charles III de Philip Kyle aux éditions Perrin, en librairie le 27 octobre.
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