L’invasion de l’Ukraine par la Fédération de Russie a entraîné l’une des crises de déplacement les plus rapides au monde depuis la Seconde Guerre mondiale, a alerté aujourd’hui le Haut-Commissaire pour les réfugiés devant la Troisième Commission, chargée des questions sociales, humanitaires et culturelles ce mardi. Évoquant la situation très préoccupante des Ukrainiens restés dans le pays, M. Filippo Grandi a cependant exhorté à ne pas faire l’impasse sur les nombreuses autres crises dans le monde, avant d’alerter sur les difficultés financières inédites du Haut-Commissariat pour les réfugiés (HCR).
Quatorze millions de personnes ont dû fuir leur foyer en Ukraine à la suite de l’invasion russe, a signalé M. Grandi au début de son exposé, notant par ailleurs que le monde compte plus de 103 millions de personnes déplacées. La réponse aux réfugiés en Europe a été excellente, a-t-il estimé, affirmant que cela avait donné tort aux nombreux politiciens qui affirmaient que l’opinion publique ne soutiendrait pas l’accueil des réfugiés. Celui-ci est ainsi possible, même en grand nombre, et surtout lorsqu’il y a une approche partagée, a-t-il observé. Le Haut-Commissaire a également mis l’accent sur le sort des personnes qui demeurent à l’intérieur de l’Ukraine, confrontées à la destruction jour après jour des infrastructures civiles et menacées par le froid de l’hiver.
Mais attention à ne pas détourner le regard des nombreuses autres crises en cours en se concentrant sur l’Ukraine, a mis en garde M. Grandi qui s’est notamment inquiété de l’aggravation de la situation au Tigré, en Éthiopie qui a causé la fuite en six mois de plus de 850 000 personnes; des centaines de milliers de déplacés au Sahel; des 2 millions de déplacés au Burkina Faso ou encore 1 million de déplacés au Myanmar depuis le coup d’État des militaires l’an dernier. De même, il a appelé à ne pas oublier aussi les souffrances humaines causées par les changements climatiques, encourageant à faire davantage face à l’urgence climatique, surtout à l’approche de la COP27 à Charm el-Cheikh.
La question des financements a aussi été abordée par M. Grandi, d’autant que la guerre en Ukraine a augmenté le budget du Haut-Commissariat de plus d’un milliard de dollars. Ainsi, malgré la générosité des donateurs, il a déploré un déficit de 700 millions de dollars dans un certain nombre d’opérations essentielles. Leur arrêt causerait de graves difficultés aux réfugiés, a-t-il prévenu, précisant que le HCR n’a pas connu ce genre de difficultés financières depuis des années. Son intervention devant la Troisième Commission a donc été l’occasion de lancer un appel aux États pour apporter des contributions supplémentaires afin d’éviter des coupes douloureuses.
Une présentation qui a donné lieu à de nombreuses réactions des délégations qui ont partagé, pour certaines, les inquiétudes de M. Grandi face au manque de moyens et de financements du HCR. La question du partage des responsabilités a également été évoquée, l’Indonésie rappelant, par exemple, que 86% des réfugiés du monde vivent dans des pays en développement, tandis que l’Égypte s’est demandé comment établir un partage plus équitable, relevant qu’un nombre limité de pays assume un fardeau migratoire sans cesse plus lourd.
La générosité avec laquelle le monde a accueilli les réfugiés ukrainiens ne saurait rester une exception mais doit devenir la nouvelle norme internationale, a estimé le Canada, tandis que le Liechtenstein s’est inquiété des violations du principe du non-refoulement.
Auparavant, les États Membres ont dialogué avec la Présidente-Rapporteuse du Groupe de travail sur l’utilisation de mercenaires comme moyen de violer les droits de l’homme et d’empêcher l’exercice du droit des peuples à disposer d’eux-mêmes. S’intéressant au recours croissant aux sociétés privées de sureté maritime, Mme Sorcha Macleod a fait état d’une utilisation croissante de navires maritimes pour transporter des armes à des fins mercenaires, ainsi du transfert maritime de recrues mercenaires forcées depuis certains pays, alertant d’un possible lien avec la traite des êtres humains.
La Présidente-Rapporteuse a également dit avoir reçu des informations sur l’usage non réglementé et disproportionné de la force en mer, décriant en outre l’absence de reddition de comptes pour les violations des droits humains, qu’elles soient perpétrées par des mercenaires ou des sociétés privées de sûreté maritime, ainsi que l’absence de recours pour les victimes. Il est donc impératif que les États comblent ces lacunes en réglementant efficacement la sphère maritime, a-t-elle appelé.
À la suite du dialogue interactif, les États Membres ont conclu leur discussion générale sur l’élimination du racisme, de la discrimination raciale, de la xénophobie et de l’intolérance qui y est associé. À cette occasion, plusieurs délégations, notamment africaines, ont apporté leur soutien à la Chine en rappelant l’importance du principe de non-ingérence dans les affaires internes d’un autre État, en particulier sur la situation dans le Xinjiang.
Au cours de cette séance, les délégations ont par ailleurs entamé leur discussion générale sur les réfugiés, les rapatriés et les déplacés.
La Troisième Commission reprendra ses travaux demain, mercredi 2 novembre, à partir de 10 heures.
ÉLIMINATION DU RACISME, DE LA DISCRIMINATION RACIALE, DE LA XÉNOPHOBIE ET DE L’INTOLÉRANCE QUI Y EST ASSOCIÉE ET DROIT DES PEUPLES À L’AUTODÉTERMINATION
Déclaration liminaire suivie d’un dialogue interactif
Exposé
Mme SORCHA MACLEOD, Présidente-Rapporteuse du Groupe de travail sur l’utilisation de mercenaires comme moyen de violer les droits de l’homme et d’empêcher l’exercice du droit des peuples à disposer d’eux-mêmes, a indiqué continuer à recevoir des allégations de violations des droits humains et du droit humanitaire découlant des activités de mercenaires ou d’acteurs liés, ainsi que de sociétés militaires et de sociétés de sécurité privées. Présentant son rapport thématique, elle a rappelé que la piraterie est depuis longtemps l’un des principaux moteurs du recours croissant aux sociétés privées de sûreté maritime. En outre, l’utilisation de navires pour la traite des êtres humains, la migration irrégulière, le trafic de drogue et le trafic d’espèces sauvages et de produits dérivés suscite des inquiétudes en matière de sécurité, a-t-elle relevé. Si elle a reconnu que le recours à ce type de sociétés peut assurer un transit maritime plus sûr, elle a cependant rappelé qu’il a un cout pour les droits humains des marins, du personnel de sécurité privé et d’autres personnes.
Elle a indiqué que le Groupe de travail a reçu des informations sur l’usage non réglementé et disproportionné de la force en mer, sur les violations du droit à la vie, à la liberté et à l’intégrité physique, ainsi que sur les violations des garanties d’une procédure régulière et du droit du travail. Ces violations s’intensifient, a-t-elle déploré, en raison de la concurrence accrue entre les sociétés, qui s’accompagne d’une baisse de la qualité des services de sécurité privée fournis et par conséquence, d’effets négatifs sur les droits humains. La faiblesse des régimes de contrôle et de formation, la prolifération des armes et le manque de suivi et de surveillance du secteur contribuent également à ces violations, a-t-elle ajouté. Ainsi, elle a exhorté à adopter une réglementation et une surveillance internationales et nationales cohérentes à cet égard, soulignant que les États du pavillon, les États côtiers et les États du port jouent un rôle réglementaire particulièrement important.
La Présidente-Rapporteuse a ensuite mis en garde contre la tendance troublante et évolutive à l’hybridation des services de sécurité en mer, où des acteurs publics et privés se combinent pour assurer la sécurité maritime, ce qui peut poser des problèmes particuliers en matière de suivi, de contrôle et de responsabilité.
En outre, si l’abus du droit du travail du personnel de sécurité privé en mer est courant, toute initiative législative doit également porter sur les violations des droits humains en mer de manière plus générale, a-t-elle indiqué, estimant qu’un cadre législatif et réglementaire efficace doit garantir un accès à la justice et aux recours pour les victimes.
Mme MacLeod s’est par ailleurs inquiétée des informations faisant état d’une utilisation croissante de navires maritimes pour transporter des armes à des fins mercenaires, ainsi que du transfert maritime de recrues mercenaires forcées depuis certains pays, alertant d’un possible lien avec la traite des êtres humains. Également préoccupée par l’opacité qui entoure l’utilisation de navires pour soutenir des activités liées au mercenariat, elle a appelé à renforcer la collecte de données et la recherche dans ce domaine. Elle a aussi décrié l’absence de reddition de compte pour les violations des droits humains, qu’elles soient perpétrées par des mercenaires ou des sociétés privées de sûreté maritime, ainsi que l’absence de recours pour les victimes. Il est donc impératif que les États comblent ces lacunes en réglementant efficacement la sphère maritime, a-t-elle appelé.
Dialogue interactif
À l’issue de cet exposé, l’Union européenne a estimé que la directive de la sécurité dans les ports offre un cadre législatif pour contrer les menaces et assurer le meilleur niveau de sécurité possible pour le transport maritime. Elle a également exhorté les États Membres à soutenir le Document de Montreux qui renvoie les États à leurs obligations en matière de droits humains et du droit international humanitaire en ce qui concerne les opérations des entreprises militaires et de sécurité privées pendant les conflits armés.
Prenant la parole, Cuba a accusé les États-Unis d’encourager l’emploi de mercenaires pour intervenir dans les affaires interne des pays et déstabiliser des gouvernements démocratiquement élus. La Chine, s’est, pour sa part, inquiétée du nombre important d’entreprises de sécurité opérant en mer, et appelé à surveiller leur activité aussi bien sur terre qu’en mer, les pressant à se conformer à la législation. De plus, la délégation a regretté l’absence de transparence et de responsabilisation en matière de sécurité et de défense, accusant ses entreprises de tuer des civils non armés et cela dans l’impunité. Il faut lancer des enquêtes et identifier les auteurs de ses actes, a-t-elle ajouté.
Répondant à ces questions et remarques, la Présidente-Rapporteuse du Groupe de travail sur l’utilisation de mercenaires comme moyen de violer les droits de l’homme et d’empêcher l’exercice du droit des peuples à disposer d’eux-mêmes a fait observer que les entreprises de sécurité et de défense privées peuvent mener des opérations de sécurité légitime, tout en violant le droit humanitaire dans d’autres contextes.
Lorsque des mercenaires sont déployés dans le contexte d’un conflit, plusieurs phénomènes se produisent, et aucun n’est bon pour les civils : le conflit a tendance à s’inscrire dans la durée, le niveau de violence augmente, et dans certains cas, elle cible la population civile, victime de massacres, torture, ou violences sexistes. Fait aggravant, les mercenaires agissent impunément, a-t-elle ajouté. Elle a exhorté les États Membres à entériner le Document de Montreux, notant qu’en mer, l’accès à la justice est limité et il est d’autant plus difficile de contrôler les violations des droits humains, qui sont pourtant des plus graves.
Elle a déploré que seuls 37 États sont partie à la Convention internationale contre le recrutement, l’utilisation, le financement et l’instruction de mercenaires alors que l’application de ce texte permettrait de pénaliser les activités des mercenaires, via les juridictions nationales. Elle a également appelé les États à élaborer un instrument international juridiquement contraignant qui sanctionne le mercenariat sur terre comme sur les mers.
Suite et fin de la discussion générale
Mme AMINATA LY DIOP (Sénégal) a appelé à combattre tous les actes de racisme, de discrimination raciale et de xénophobie, tout en constatant que ces phénomènes sont en croissance et touchent « à des degrés disproportionnés » les personnes d’ascendance africaine, les peuples autochtones, les minorités linguistiques, ethniques et religieuses ainsi que les migrants, les demandeurs d’asile et les réfugiés. Pour la représentante, une politique d’éradication des phénomènes sociaux négatifs ne devrait pas uniquement reposer sur des dispositifs coercitifs renforcés mais devrait accorder une importance capitale à la sensibilisation et au brassage des peuples et des cultures, afin de briser la « spirale des préjugés » sur l’appartenance raciale, ethnique, religieuse et culturelle. Réitérant l’appui de son pays aux efforts internationaux de lutte contre le terrorisme et l’extrémisme violent, elle a cependant estimé que les différences raciales, culturelles et cultuelles ne doivent sous-tendre ni la haine ni le rejet de l’autre, mais plutôt renforcer et promouvoir les liens d’humanisme et d’amitié.
Mme PATRICIA CHAND (Fidji) a indiqué qu’il y a à peine 10 ans, le système politique du pays était corrompu par la notion que la valeur d’un vote dépendait de celui qui l’avait émis. Depuis, la Constitution accorde une valeur égale à tous les votes des citoyens des Fidji et protège le droit des peuples autochtones, notamment dans le domaine foncier. Et le système éducatif assure l’enseignement du Fidjien, du Hindi et des langues iTaukei. Le pays doit cependant lutter contre les plateformes de médias sociaux qui propagent le racisme et l’intolérance. Nous ne pouvons pas se laisser se propager les algorithmes qui récompensent la haine et le ressentiment, a-t-elle dit, appelant à se montrer plus proactif pour évaluer comment l’intelligence artificielle risque de déchirer davantage les sociétés. La représentante a également alerté que les changements climatiques aggravent les inégalités et a appelé à établir un système financier pour protéger les droits des déplacés et des réfugiés climatiques.
Mgr GABRIELE CACCIA, Observateur permanent du Saint-Siège, a rappelé que le racisme repose sur la croyance déformée selon laquelle une personne est supérieure à une autre, ce qui contraste fortement avec le principe fondamental selon lequel « tous les êtres humains naissent libres et égaux en dignité et en droits ». Si le racisme manifeste est facilement identifié et condamné à juste titre, les préjugés raciaux, eux, prennent souvent des formes plus subtiles, notamment dans les politiques, les pratiques et les attitudes sur le marché du travail, ainsi que dans les systèmes d’éducation et de justice pénale, a constaté l’Observateur, selon lequel les réponses à ces phénomènes doivent prendre comme point de départ un engagement renouvelé envers une éducation de qualité. Attirant par ailleurs l’attention sur le sort des migrants, des réfugiés et de leurs familles, il a regretté que ces personnes souvent issues d’un milieu culturel différent continuent de faire l’objet d’attitudes racistes et xénophobes. Une vigilance accrue s’impose face à de telles attitudes, qui ne font qu’aggraver la souffrance et l’angoisse de ces hommes, femmes et enfants qui ont quitté leur foyer en quête de paix, de prospérité et de sécurité, a-t-il plaidé, estimant en conclusion que la lutte contre le racisme exige une prise de conscience non seulement enracinée dans la vérité et la dignité humaine, mais aussi dans la famille, première éducatrice des valeurs humaines, et cultivée à l’école et dans la société.
M. NNAMDI OKECHUKWU NZE (Nigéria) a indiqué s’opposer à toute discrimination, qu’elle soit à l’encontre des Nigérians, des Africains ou d’autres personnes. Nous avons beaucoup sacrifié pour lutter contre le colonialisme et l’apartheid en particulier en Afrique, a-t-il confié. Affirmant continuer à subir des attaques racistes et xénophobes ces dernières années, il a indiqué préférer pourtant le dialogue à la confrontation. Il a déploré que les objectifs de la Décennie internationale des personnes d’ascendance africaine n’ont pas encore été atteints et a appelé la communauté internationale à unir ses forces pour lutter contre les discriminations à l’égard des personnes d’ascendance africaine, en particulier les migrants qui, s’est-il alarmé, vivent une situation rappelant l’horreur de l’esclavage. Enfin, il a réaffirmé son soutien au Pacte mondial sur les migrations qui représentent les efforts collectifs en ce domaine.
M. WEERASEKARAGE CHATHURA RAMYAJITH WEERASEKARA (Sri Lanka) a rappelé que la Constitution de son pays stipule qu’aucun citoyen ne doit faire l’objet de discrimination fondée sur la race, la religion, la langue, la caste, le sexe, l’opinion politique ou le lieu de naissance. À cette aune, il a jugé que toute doctrine de supériorité raciale est scientifiquement fausse, moralement condamnable et socialement injuste. Le représentant a ensuite constaté que les plateformes en ligne sont utilisées pour prôner la haine et promouvoir le racisme, la xénophobie et l’intolérance qui y est associée. Dénonçant les formes de terrorisme et de violence que véhicules ces plateformes, il a appelé les nations à renforcer leurs cadres législatifs nationaux afin d’y faire face. Il a par ailleurs indiqué que son gouvernement maintient une politique de tolérance zéro à l’égard de tout acte de haine ou d’intolérance religieuse et a pris des mesures pour les combattre, notamment la loi de 2007 sur le Pacte international relatif aux droits civils et politiques. En tant que pays multiethnique, multireligieux et multiculturel, le Sri Lanka a aussi adopté le concept de « vivre et laisser vivre », guidé par les principes bouddhistes d’amour bienveillant, de pardon et de compassion, a encore souligné le délégué, qui a rappelé que des personnes qui étaient autrefois connues comme des acteurs non étatiques ont été réhabilitées afin qu’elles puissent, elles aussi, contribuer au développement du pays. Il a toutefois regretté que certains attisent la haine contre son pays, comme en témoignent selon lui les récents troubles civils alimentés et financés depuis l’intérieur et l’extérieur du Sri Lanka.
M. DANIEL AGYEKUM NSOWAH (Ghana) a relevé que la recrudescence des conflits à l’échelle mondiale continue d’aggraver les malheurs des réfugiés et des migrants en les rendant plus vulnérables à diverses formes de racisme et d’intolérance. Il a également déploré le rôle d’autres facteurs aggravants tels que la pandémie de COVID-19 qui, entrainant une utilisation croissante de plateformes en lignes, a exposé de nombreux groupes vulnérables à diverses formes de discrimination.
Il a réaffirmé son engagement à mettre en œuvre la Déclaration et le Programme d’action de Durban ainsi que la Convention internationale sur l’élimination de toutes les formes de discrimination raciale. Ces instruments sont indispensables pour progresser vers une réponse systémique au racisme systémique, a-t-il estimé, encourageant les États qui ne l’ont pas encore fait à adopter la Convention.
En outre, il a déploré l’augmentation des discours de haine, la stigmatisation et l’intolérance qui y est associée, via des plateformes en ligne. Il a également insisté sur l’importance de la coopération entre les États, le système des Nations Unies et les organisations régionales ainsi qu’avec les parlements nationaux, la société civile et le secteur privé. Enfin, il a appelé au respect du principe de souveraineté des États, soulignant que l’évaluation des droits humains doit être impartiale. Malheureusement ce n’est pas le cas, a-t-il déploré, jugeant « pas très orthodoxe »” la façon dont le rapport sur la situation au Xinjiang en Chine a été élaboré.
M. DAHMANE YAHIAOUI (Algérie) a estimé que la Déclaration et le Programme d’action de Durban permettent de faire face de façon efficace et collective au racisme et phénomènes associés, et incluent des solutions adéquates pour les victimes. Il a fait part de son appui aux peuples qui luttent pour leur émancipation politique et leur indépendance économique, précisant que le respect du droit des peuples à l’autodétermination est un principe directeur de la politique étrangère algérienne. Il a également soutenu les efforts du Secrétaire Général et des organes principaux des Nations Unies qui œuvrent en faveur du droit des peuples à l’autodétermination.
Mme OLIMPIA RAQUEL OCHOA ESPINALES (Nicaragua), a indiqué que la révolution populaire sandiniste de 1979 et la Constitution de la République du Nicaragua de 1987 ont reconnu pour la première fois le caractère multiethnique et pluriculturel de la nation nicaraguayenne, jetant les bases de l’approbation du statut d’autonomie des régions autonomes. Elle a relevé que le racisme et la discrimination ont des manifestations multiples et complexes, et sont particulièrement préjudiciables aux filles, aux garçons, aux femmes, aux personnes LBGT et aux personnes handicapées qui appartiennent à un groupe ethnique ou racial particulier. Elle a fait savoir que le Gouvernement de réconciliation et d’unité nationale a établi des lois et des politiques garantissant la protection et la participation effective des groupes les plus vulnérables. En conséquence, le Nicaragua est actuellement le pays le plus équitable d’Amérique latine et des Caraïbes en termes de participation politique, sociale et économique des femmes, s’est enorgueillie la représentante. Elle a par ailleurs appelé à respecter les affaires intérieures des États, sans recourir à l’intervention étrangère ou à la pression extérieure, et a défendu la Chine face à l’ingérence dont elle serait victime en matière de questions relatives aux droits humains.
Mme EUNICE TEO (Singapour) a indiqué que Singapour a tiré les enseignements de la période de tensions communautaires et de violentes émeutes raciales qui a précédé son indépendance, citant notamment les dangers de la méfiance et des divisions intercommunautaires. Aujourd’hui, Singapour a « édifié une société très diverse mais harmonieuse », s’est-elle enorgueillie. Environ 15 % des mariages entre Singapouriens sont interethniques, et 29 % sont transnationaux, a détaillé la diplomate, énumérant les différentes religions observées dans son pays, dont le bouddhisme, le christianisme, l’hindouisme, l’islam, le judaïsme et le taoïsme. De même, il n’est pas permis d’exploiter la liberté d’expression pour dénigrer d’autres groupes et la loi sur le maintien de l’harmonie religieuse veille à ce que les dirigeants ou les groupes religieux n’incitent pas à des sentiments d’hostilité pour des raisons religieuses, ou n’abusent pas de la religion à des fins politiques.
M. NICHOLAS HILL (États-Unis) est revenu sur les efforts déployés par son pays en faveur de l’égalité raciale, sur le territoire national comme à l’international. « Notre force c’est notre diversité » s’est félicité le délégué, ajoutant que les mesures nationales pour favoriser l’accès des communautés les plus vulnérables à la santé ou à la justice environnementale sont en accordance avec la politique étrangère des États-Unis. Il a fait part de son appui à l’Instance permanente des personnes d’ascendance africaine, et a appelé tous les États Membres de se joindre aux États-Unis dans leur combat international contre la xénophobie.
M. ALEJANDRO GONZÁLEZ BEHMARAS (Cuba) s’est dit très préoccupé par le fait que certains pays développés continuent de mépriser la Déclaration de Durban, ainsi que du fait qu’aux États-Unis, on continue de justifier la promotion d’idées racistes et suprématistes au sein de l’appareil politique. Il a jugé inconcevable qu’un pays comme les États-Unis qui se présente comme symbole du respect des droits humains n’arrive pas à résoudre le problème du racisme systémique dont souffrent les minorités. Il a relevé que l’autodétermination continue d’être un rêve impossible pour de nombreux peuples soumis à l’occupation étrangère ou au colonialisme et que certains pays se voient imposer des mesures unilatérales coercitives. C’est parce qu’on a osé exercer ce droit que les États-Unis nous ont imposé le blocus financier et économique le plus long de l’histoire, a-t-il dénoncé, déplorant une tentative d’asphyxier le peuple cubain
Mme AYSE INANÇ ÖRNEKOL (Türkiye) s’est dite profondément préoccupée par la montée inquiétante du racisme, de la xénophobie, de l’islamophobie, de l’antisémitisme et des discours de haine dans le monde. À cet égard, elle a salué l’adoption de la résolution consacrant le 15 mars « Journée internationale de lutte contre l’islamophobie ». Elle a également estimé que l’Alliance des civilisations des Nations unies, menée par la Türkiye et l’Espagne, est un outil précieux pour encourager une meilleure compréhension interculturelle et favoriser une atmosphère de respect mutuel. La représentante a aussi mis en avant le Processus d’Istanbul qui vise à contribuer aux efforts de lutte contre les diverses formes d’extrémisme, de haine et de discrimination raciale.
Mme ELAINE CRISTINA PEREIRA GOMES (Brésil) a rappelé que son pays, qui abrite la plus grande population d’ascendance africaine au monde, s’est engagé à lutter contre le racisme, la discrimination raciale, la xénophobie et l’intolérance qui y est associée, et à rechercher la justice et l’égalité raciales, conformément à la Déclaration et au Programme d’action de Durban. Depuis 1988, a-t-il relevé, la Constitution brésilienne considère le racisme comme un crime soumis ni à caution ni à prescription. Le Brésil a par ailleurs promulgué en 2010 une loi qui définit l’architecture de la lutte contre le racisme et de la promotion de l’égalité raciale dans le pays, a ajouté le représentant, faisant également état du lancement en 2021 d’initiatives destinées à protéger les droits des personnes d’ascendance africaine, notamment l’éducation aux droits humains des agents des forces de l’ordre et des programmes de protection des jeunes victimes de violence. Afin d’offrir plus d’opportunités à ces personnes, le pays aussi a adopté un vaste système d’action positive et de quotas dans les universités publiques et la fonction publique, a encore indiqué le délégué. Enfin, il a réitéré le soutien du Brésil aux négociations sur la Déclaration des Nations Unies sur les droits de l’homme des personnes d’ascendance africaine et a invité les autres États à faire de même.
Mme ELIZABETH NORALMA MENDEZ GRUEZO (Équateur) a réaffirmé l’engagement de son pays en faveur de la Décennie internationale des personnes d’ascendance africaine. Elle a indiqué que son gouvernement a mis en place des politiques publiques afin de réaliser les objectifs prévus par la Décennie. Rappelant d’autre part la visite du Groupe de travail d’experts sur les personnes d’ascendance africaine en Équateur en octobre 2020, la déléguée s’est félicitée que le Groupe ait reconnu les efforts consentis par l’État équatorien, notamment en ce qui concerne l’accès à la justice. Les personnes d’ascendance africaine ayant les indicateurs socioéconomiques les plus faibles au sein de la population équatorienne, elle a jugé essentiel de concevoir des politiques encourageant le bien-être et la dignité des Afro-Équatoriens.
Mme NARMIN AHANGARI (Azerbaïdjan) s’est élevée contre la propagande de haine, les discours de suprématie ethnique et les politiques visant à semer la dissension entre les peuples. Elle a également dénoncé les tentatives d’utilisation du passé comme d’une arme pour transformer l’histoire.
L’Azerbaïdjan est un pays multiethnique, où tous les citoyens et résidents jouissent pleinement de leurs droits humains et libertés de façon égale et sans discrimination, a souligné la déléguée, rappelant que son pays a récemment présenté son rapport dans le cadre de l’Examen périodique universel et agit pour mettre en place des lois interdisant la discrimination raciale et l’incitation à la violence. L’Azerbaïdjan s’emploie aussi à préserver son patrimoine historique et culturel, notamment dans les territoires libérés où il reconstruit la communauté multiethnique et diverses qui existait avant l’occupation, a expliqué la représentante. En conclusion, elle a assuré qu’en dépit des conséquences de la guerre menée contre l’Arménie et des atrocités et souffrances subies par son peuple ces 30 dernières années, l’Azerbaïdjan compte poursuivre ses efforts pour promouvoir l’inclusivité et le multiculturalisme.
Mme EKATERINE LORTKIPANIDZE (Géorgie) a déclaré que la signalisation des crimes commis sur la base de l’intolérance constitue l’un des éléments les plus importants dans la lutte contre la discrimination. Elle a évoqué la signature, au niveau national, d’un mémorandum de coopération pour la création d’une base de données conjointe des crimes commis sur la base de l’intolérance. Elle s’est inquiétée de la situation « alarmante » des droits humains dans les régions géorgiennes d’Abkhazie et de Tskhinvali sous occupation russe. Elle s’est élevée contre la discrimination fondée sur des motifs ethniques, citant la torture et d’autres formes de mauvais traitements, les enlèvements, les restrictions imposées à la liberté de mouvement et la violation du droit à recevoir un enseignement dans sa langue maternelle dans les deux régions géorgiennes occupées.
Mme HALLEY CHRISTINE YAPI NÉE BAH (Côte d’Ivoire) a appelé à s’attaquer aux causes profondes du racisme et à mettre en place des mesures pour lutter contre l’ignorance qui entretient l’illusion de la race supérieure ainsi que l’intolérance et l’utilisation des médias sociaux comme vecteur de messages haineux et suprématistes. À cet égard, la mise en place de mécanisme de reddition des comptes, y compris au niveau international, de réparations ainsi que d’assistance judiciaire et psychologique pour les victimes sont indispensables. Par ailleurs, à moins de deux ans du terme de la Décennie internationale des peuples d’ascendance africaine, l’appel du Groupe de travail d’experts sur les personnes d’ascendance africaine à reconnaitre et à payer des réparations pour les siècles de préjudices causes à celles-ci par l’esclavage et le colonialisme demeure pertinent, a-t-il estimé.
M. KIM NAM HYOK (République populaire démocratique de Corée) s’est dit profondément préoccupé par la situation « désastreuse » des droits humains dans plusieurs pays occidentaux, à commencer par les États-Unis, où le droit à la vie est, selon lui, gravement violé et malmené en raison du racisme et de la discrimination raciale généralisés. Dans ce pays, la violence policière a coûté la vie à des milliers de Noirs américains innocents et le nombre de personnes tuées par la police depuis 2020 s’élève à plus de 2 500, a-t-il poursuivi, dénonçant un climat de peur pour les non-blancs et les minorités. Face à cette « tragédie », le représentant a exigé que le mécanisme international des droits de l’homme mène une enquête approfondie sur les violations généralisées commises par les États-Unis et d’autre pays occidentaux et leur demande des comptes pour « crimes contre l’humanité ». Il a d’autre part dénoncé les tentatives de certains pays d’utiliser à mauvais escient les questions liées au Xinjiang et à Hong Kong pour s’immiscer dans les affaires intérieures de la Chine. Nous apprécions les efforts et les réalisations de la Chine dans le domaine des droits de l’homme, a indiqué le délégué, réaffirmant le soutien de la RPDC à la souveraineté, la sécurité et l’intégrité territoriale de ce pays.
Mme MARISKA DWIANTI DHANUTIRTO (Indonésie) a fait valoir que chaque État a le droit de mener ses propres politiques en vue de protéger sa population. Elle a également estimé que le travail des Nations Unies, et notamment de la Troisième Commission de l’Assemblée générale, devrait s’appuyer sur le principe essentiel de l’impartialité. De plus, les efforts multilatéraux devraient donner la priorité à l’assistance à fournir aux États pour les aider à promouvoir les droits humains, a ajouté la déléguée. Enfin, elle a appelé les États Membres à une meilleure compréhension mutuelle, condition sine qua non, selon elle, du développement des droits humains à l’échelle mondiale.
Mme JOSELYNE KWISHAKA (Burundi) a dit apprécier l’engagement constructif, les efforts et les contributions de la Chine dans la lutte contre le terrorisme et l’extrémisme violent au Xinjiang. Il a estimé que l’évaluation des préoccupations en matière de droits humains au Xinjiang par le Haut-Commissariat des droits de l’homme sans, ni le mandat du Conseil des droits de l’homme, ni le consentement du pays concerné constitue une violation grave des principes d’universalité́, d’objectivité́, de non-sélectivité et de non-politisation. Les questions liées au Xinjiang, à Hong Kong et au Tibet sont des matières relevant purement et simplement des affaires intérieures de la Chine, a souligné le représentant qui a noté que la mise en œuvre par la Chine de « un pays, deux systèmes » dans la région administrative spéciale de Hong Kong a produit des résultats positifs pour le retour de la paix et de la stabilité́.
Mme MAJDA MOUTCHOU (Maroc) a rappelé la « longue tradition » de son pays en matière de tolérance, de coexistence, de respect de l’autre et de promotion du dialogue interculturel et interreligieux. Elle a également vanté la politique d’accueil des migrants au Maroc, relevant que ces personnes ont pu bénéficier d’une vaccination gratuite contre la COVID-19. Le Maroc, a-t-elle poursuivi, a été à l’origine de plusieurs documents onusiens et internationaux dédiés à la lutte contre la xénophobie, parmi lesquels le Plan d’action de Rabat sur l’interdiction de l’appel à la haine nationale, raciale ou religieuse. La représentante a ajouté que son pays a toujours attribué à sa société civile un rôle de partenaire dans la promotion des droits humains ainsi qu’un rôle de veille en vue de dénoncer les atteintes faites à ces droits fondamentaux.
M. ALSERKEEK (Libye) a déploré qu’en dépit de l’adoption de la Déclaration et du Programme d’action de Durban, des formes contemporaines de racisme continuent d’exister. Nous devons nous attaquer à cette question de façon globale, a-t-il encouragé, dénonçant au passage les discriminations que subissent les personnes sous occupation coloniale ou étrangère. Au cours de l’histoire, des millions d’Africains ont été déportés de l’autre côté de l’Atlantique pour être réduits en esclavage et les habitants du continent africain continuent à en subir les conséquences aujourd’hui, a martelé le délégué, avant d’appeler les États responsables à compenser les anciens pays colonisés. Enfin, après s’être alarmé de la progression inquiétante du racisme à motivation religieuse, il a réaffirmé le soutien de son pays au peuple palestinien et dénoncé les violations flagrantes du droit international perpétrées par Israël.
M. JOHN MARTIN PANGIPITA (Tanzanie) a jugé essentiel de respecter la souveraineté, l’indépendance et l’intégrité territoriale des États et ne pas s’ingérer dans les affaires internes d’autres États souverains. Ces principes sont des normes fondamentales qui régissent les relations internationales, a-t-il rappelé, avant d’exprimer son rejet de toute politisation des questions liées aux droits humains. Selon le représentant, la situation des droits humains dans la région du Xinjiang, au Tibet ou à Hong Kong relève strictement des affaires internes de la Chine. À cet égard, il a salué les efforts déployés par le Gouvernement chinois pour protéger et améliorer les moyens de subsistance de sa population et pour faire reculer la pauvreté.
M. PAR LILJERT, de l’Organisation internationale pour les migrations (OIM), a dénoncé l’utilisation faite ces dernières années des technologies et les plateformes numériques dans la diffusion de la rhétorique xénophobe et racialement discriminatoire et l’exclusion des migrants. Notant que la stigmatisation de personnes d’origines différentes et la diffusion virtuelle de discours de haine ont toujours des conséquences dans le monde réel, il a plaidé pour l’inclusion de ces plateformes dans les efforts de sensibilisation sur la façon dont de tels discours et attaques contre les titulaires de droits, y compris les migrants, ont un impact direct sur toute la société. En l’absence de tolérance et d’empathie, les inégalités, la discrimination et l’intolérance envers les autres vont se développer, a-t-il averti. Le représentant a en outre souhaité que les technologies numériques fournissent de nouveaux moyens pour défendre, défendre et exercer les droits et que, conformément à la feuille de route du Secrétaire général pour la coopération numérique, toutes les personnes puissent être connectées, respectées et protégées à l’ère numérique.
Mme YANIQUE NISSAN DACOSTA (Jamaïque) a indiqué que les personnes d’ascendance africaine représentent 90% de la population du pays et que les effets résiduels de l’esclavage et de l’exploitation font partie du quotidien. Elle a reconnu la complexité de cette « question sensible » et a appelé à prendre des mesures audacieuses et créatives pour être à la hauteur du moment, tout en notant l’élan grandissant au sein des Nations Unies pour améliorer la vie des personnes d’ascendance africaine. Elle a notamment évoqué l’adoption, en 2021, d’une résolution appelant à une action concrète en faveur de l’élimination du racisme, de la discrimination raciale, de la xénophobie et de l’intolérance qui y est associé, ainsi qu’au suivi de la Déclaration et du Programme d’action de Durban. Elle a appelé les États Membres à participer à un dialogue franc et inclusif afin d’identifier les moyens pragmatiques permettant de réaliser une justice réparatrice.
M. TIGRAN GALSTYAN (Arménie) a estimé qu’un débat public ouvert avec la société civile et des médias libres sont des éléments essentiels pour assurer la protection contre la haine. Le délégué a d’autre part indiqué que son pays ne connaît que trop bien les graves conséquences de la xénophobie. Un siècle après le génocide, nous continuons d’être victimes d’incitation à la haine, a-t-il dénoncé, pointant du doigt l’Azerbaïdjan. Il a notamment dénoncé des exécutions sommaires de prisonniers de guerre et des mutilations commises lors de l’invasion du pays par l’Azerbaïdjan. Enfin, il a déploré que cette situation ne fasse l’objet que de condamnations sélectives de la part de la communauté internationale.
Mme MICAEL (Érythrée) a estimé important de rappeler que l’esclavage et le colonialisme ont un impact de très longue durée pour des sociétés comme la sienne, notamment du point de vue économique. Malgré la Déclaration et le Programme d’action de Durban et en dépit des efforts consentis pour trouver des solutions, les manifestations de racisme et de xénophobie contribuent toujours à la pauvreté et aux discours de haine, a-t-elle constaté, déplorant en outre l’interdiction induite pour certains groupes d’exercer librement leur religion. Face à ces phénomènes, la représentante a appelé à plus de volonté politique pour réformer les structures juridiques existantes. Enfin, elle a exhorté les États à éviter toute politisation de ces questions, exprimant ainsi son opposition aux critiques faites à la Chine. Celle-ci a fait preuve d’ouverture en accueillant la visite de Mme Michelle Bachelet, alors Haute-Commissaire des Nations Unies aux droits de l’homme, a jugé la déléguée.
Droits de réponse
Exerçant son droit de réponse, le représentant de la Chine a accusé les États-Unis d’utiliser la tribune de la Troisième Commission pour diffamer son pays. C’est la onzième fois que cela se produit depuis qu’ont commencé les débats de cette session, a-t-il dénoncé, constatant que les Etats-Unis se soucient davantage des droits humains en Chine que dans leur propre pays. Les États-Unis sont-ils si vertueux? Respectent-ils leurs propres minorités? La réponse est non, a-t-il tranché, qualifiant de « méprisable » le bilan des États-Unis en matière de droits humains. Selon lui, Washington entend freiner le développement de la Chine et maintenir son hégémonie américaine en proférant des mensonges. Le délégué a rappelé, en outre, que, le 6 octobre, le Conseil des droits de l’homme a rejeté le projet de résolution préparé par les États-Unis sur la question du Xinjiang. Leur « complot » a donc été déjoué, a conclu le délégué, selon lequel la déclaration de Cuba montre qu’une majorité de délégations condamnent l’ingérence américaine dans les affaires intérieures d’autres pays.
La représentante de l’Azerbaïdjan a, pour sa part, souhaité répondre à l’Arménie, qui, selon elle, continue de refuser d’assumer sa responsabilité pour les nombreux crimes de guerre commis et essaie de se présenter comme un pays de tolérance, alors qu’elle s’est livrée à des « nettoyages ethniques ». Des organes internationaux ont fait part de leurs inquiétudes quant aux discours des haine en Arménie, a rappelé la déléguée, mentionnant les conclusions de la Commission européenne contre le racisme et l’intolérance.
De son côté, le représentant de l’Arménie a accusé l’Azerbaïdjan de s’être engagé dans des discours de propagande contenant en leur cœur une xénophobie anti-arménienne. Nous sommes tous capables de faire la différence entre les allégations faites et les événements réels, a-t-il indiqué, avant de rappeler que, dans le cadre de l’Examen périodique universel, il a été recommandé à l’Azerbaïdjan de prendre des mesures pour combattre la promotion de la haine.
La représentante de l’Azerbaïdjan a repris la parole pour réfuter toute activité de propagande de la part de son pays. Elle a ensuite constaté une nouvelle fois que l’Arménie refuse d’assumer sa responsabilité pour les crimes de guerre qu’elle a commis, mais aussi de punir les auteurs de ces crimes et d’offrir des recours pour les atteintes avérées. De plus, a-t-elle ajouté, l’Arménie diffuse des messages d’intolérance, comme l’ont relevé des organes pertinents des Nations Unies.
Reprenant à son tour la parole, le représentant de l’Arménie a dénoncé les accusations sans fondement de l’Azerbaïdjan. Il n’y a pas de preuve étayant des activités de nettoyage ethnique commises par l’Arménie, a-t-il dit, jugeant ironique que ces allégations soient formulées par l’Azerbaïdjan, étant donné les nombreuses violations des droits humains perpétrées par ce pays contre des minorités nationales. Selon lui, l’Azerbaïdjan ferait mieux de mettre en œuvre les recommandations des organes des droits de l’homme de l’ONU pour faire face au niveau élevé de xénophobie et de haine dans sa sphère publique, lequel représente une menace pour la paix et la sécurité dans la région.
QUESTIONS RELATIVES AUX RÉFUGIÉS, AUX RAPATRIÉS ET AUX DÉPLACÉS ET QUESTIONS HUMANITAIRES
Déclaration liminaire suivie d’un dialogue interactif
Exposé
M. FILIPPO GRANDI, Haut-Commissaire des Nations Unies pour les réfugiés, a pris acte de « l’échec de la communauté internationale à travailler ensemble », ce qui, a-t-il dit, a des conséquences « extrêmement graves », notamment pour les plus de 103 millions de personnes – contre 41 millions il y a dix ans – contraintes de quitter leurs foyers. Si le dérèglement du climat, les effets durables de la pandémie et la crise du coût de la vie ont tous une responsabilité, l’incapacité de la communauté internationale à prévenir ou à résoudre les conflits reste, selon lui, le principal facteur des déplacements.
Le Haut-Commissaire a ainsi relevé que l’invasion de l’Ukraine par la Fédération de Russie a entraîné l’une des crises de déplacement les plus rapides depuis la Seconde Guerre mondiale, forçant environ 14 millions de personnes à quitter leurs foyers. La réponse aux réfugiés en Europe a été « excellente », a-t-il néanmoins salué, y voyant une illustration de l’approche « à l’échelle de la société » que les États Membres ont adoptée en approuvant en 2018 le Pacte mondial sur les réfugiés. Cette réponse a aussi donné tort aux nombreux politiciens, qui, ces derniers temps, affirmaient que l’Europe était pleine, que la relocalisation était impossible et que l’opinion publique ne soutiendrait pas l’accueil des réfugiés, a-t-il constaté, estimant que l’accueil des réfugiés, même en grand nombre, est possible lorsqu’il y a un leadership, des politiques raisonnables, une bonne gestion et surtout une approche partagée.
M. Grandi s’est aussi dit profondément préoccupé par le sort des personnes à l’intérieur de l’Ukraine. En effet, a-t-il dénoncé, des infrastructures civiles sont détruites, jour après jour, et beaucoup reste à faire pour éviter les pires effets de l’hiver. Cela étant, la concentration nécessaire sur la réponse à la crise en Ukraine ne doit pas détourner la communauté internationale des autres crises, comme c’est malheureusement souvent le cas, a-t-il alerté. Le Haut-Commissaire a cité, entres autres exemples, la situation au Tigré, dans le nord de l’Éthiopie, et le sort des personnes déplacées au Burkina Faso ou encore au Myanmar et au Bangladesh. Des dizaines de milliers de personnes continuent d’être chassées de chez elles par les combats en République démocratique du Congo, sans que la communauté internationale n’y prête attention, a-t-il également déploré, avant d’évoquer les plus de cinq millions de réfugiés syriens présents en Turquie, en Jordanie, au Liban et dans d’autres pays de la région, ainsi que les mouvements de populations complexes à travers les Amériques. Avec le concours du Programme alimentaire mondial (PAM), le HCR s’emploie à faire face à l’insécurité alimentaire dans les sites de réfugiés, a-t-il indiqué, formant le vœu, à cet égard, que les négociations en cours permettront de poursuivre l’Initiative céréalière de la mer Noire, « vitale » pour des millions de personnes.
Le Haut-Commissaire a par ailleurs évoqué les différents phénomènes météorologiques extrêmes dans le monde. Si le monde a vu les dévastations causées par les inondations au Pakistan, moins d’attention a été prêtée à la souffrance humaine causée par les changements climatiques dans la Corne de l’Afrique ainsi qu’au Sahel, en Amérique latine, en Asie du Sud-Est, au Moyen-Orient et ailleurs, a-t-il noté. En Somalie, j’ai vu de mes propres yeux comment l’urgence climatique associée au conflit entraîne des déplacements, a-t-il dit, signalant que ce phénomène a des répercussions sur les pays voisins. M. Grandi a indiqué que le HCR continue d’intensifier sa réponse climatique liée aux déplacements, notamment en renforçant la résilience aux chocs climatiques dans les zones d’accueil. Mais il est clair, a-t-il reconnu, surtout à l’approche de la COP27 à Charm el-Cheikh, que nous devons faire davantage pour répondre à cette urgence afin d’aider les personnes déplacées ou menacées de le devenir.
Par ailleurs, M. Grandi s’est penché sur la crise du coût de la vie, qui affecte dramatiquement les personnes déplacées et autres personnes vulnérables. Nous avons vu des personnes recourir à des voyages dangereux en mer, et nous savons aussi comment la pauvreté prive les gens, en particulier les femmes et les filles, de leur dignité et de leurs droits, a-t-il souligné, précisant que le HCR s’efforce de compenser les tendance macro-économiques les plus dures, via ses activités de secours traditionnelles mais aussi d’un travail auprès d’institutions comme le Fonds monétaire international (FMI) afin qu’elles considèrent le déplacement forcé comme un facteur pertinent dans la planification de leur soutien aux États. Les quelque 3,3 milliards de dollars de fonds de développement bilatéraux qui sont injectés chaque année dans les situations de réfugiés s’ajoutent ainsi aux 2 milliards de dollars par an déboursés par les banques multilatérales de développement et aux ressources humanitaires mobilisées par le HCR et ses partenaires, a précisé le Haut-Commissaire. Cela doit se poursuivre et se développer, a-t-il ajouté, en particulier sous la forme de subventions pour soutenir les pays et les communautés d’accueil qui assument une part disproportionnée de la responsabilité de la communauté internationale à l’égard des réfugiés.
Le HCR, a poursuivi M. Grandi, a recueilli des fonds importants cette année, notamment auprès des donateurs privés. Des partenariats nouveaux et innovants sont également en place, notamment dans le domaine de la philanthropie islamique. Il a cependant averti que la guerre en Ukraine a augmenté le budget de l’agence de plus d’un milliard de dollars. Malgré la générosité des donateurs, le HCR se retrouve ainsi confronté à un déficit de 700 millions de dollars dans un certain nombre d’opérations essentielles dont l’arrêt causerait de graves difficultés aux réfugiés, a-t-il prévenu, précisant que l’agence n’a pas connu ce genre de difficultés financières depuis des années. Il a donc appelé à des contributions supplémentaires dans les jours et les semaines à venir pour éviter des coupes douloureuses dans l’aide de base aux réfugiés.
Enfin, après avoir rappelé que son mandat a été prolongé jusqu’en 2025 par le Secrétaire général afin de mener à bien les réformes en cours au HCR, le Haut-Commissaire s’est félicité qu’à l’occasion du Forum mondial sur les réfugiés en 2019, plus de 1 400 engagements aient été pris pour mettre en œuvre le Pacte mondial sur les réfugiés, suivi depuis lors par des centaines d’autres. Le deuxième Forum aura lieu en décembre 2023, a-t-il indiqué, encourageant « tout le monde » à participer et à s’engager. « En ces temps difficiles, votre soutien est plus nécessaire que jamais », a-t-il déclaré en conclusion.
Dialogue interactif
Réagissant à l’exposé du Haut-Commissaire des Nations Unies pour les réfugiés, la Fédération de Russie a rappelé que, depuis février dernier, plus de 4,5 millions de personnes ont volontairement gagné la Russie depuis les territoires des « républiques populaires » de Donetsk et de Lougansk, ainsi que des régions ukrainiennes de Kherson et de Zaporojie. Elle a assuré que tout est mis en œuvre pour garantir l’assistance nécessaire à leur installation. Elle a par ailleurs insisté sur l’importance à ses yeux du retour volontaire des réfugiés syriens, appelant à une approche non politisée pour résoudre ce problème. De leur côté, les États-Unis ont rappelé leur soutien au HCR, avec un récent versement de 2,2 milliards de dollars, soit la plus grande contribution depuis l’existence de l’agence. La délégation a ajouté que 125 millions de personnes ont été accueillies sur le territoire américain lors de l’exercice fiscal précédent et a appelé les autres États Membres à s’engager eux aussi en faveur des migrants.
Le Mexique a ensuite demandé à M. Grandi de quelle manière les membres des Nations Unies peuvent relever les défis qui contribuent à l’augmentation du nombre de réfugiés. La Suède, s’exprimant au nom des pays nordiques, a déploré que certaines cibles du HCR n’aient pu être atteintes du fait d’un sous-financement, considéré comme un des plus grands obstacles au travail du Haut-Commissariat. Revenant sur les crises migratoires frappant son pays, le Guatemala a qualifié le HCR d’allié stratégique aux côtés des institutions guatémaltèques sur le front humanitaire. La Pologne a, elle, rappelé qu’elle a accueillie sur son sol 2 millions de réfugiés ukrainiens, leur apportant assistance et accès au marché du travail, sur un pied d’égalité avec les Polonais. La générosité avec laquelle le monde avait accueilli les réfugiés ukrainiens ne saurait rester une exception mais devrait devenir la nouvelle norme internationale, a estimé le Canada, tandis que le Liechtenstein réitérait ses préoccupations au sujet des violations du principe du non-refoulement et demandait à M. Grandi comment les combattre.
À la suite du Qatar, qui a fait mention des millions de dollars octroyés par son gouvernement à la gestion de crises humanitaires, notamment en Afghanistan, l’Égypte a rappelé la présence sur son territoire de 290 000 réfugiés et de 9 millions de migrants originaires, qui tous vivent librement dans le pays. Déplorant le nombre limité de pays qui assument un fardeau migratoire sans cesse plus lourd, elle a demandé à M. Grandi comment établir un partage plus équitable à ce sujet. Une question reprise par le Liban, qui a rappelé le nombre de migrants et de réfugiés présents sur son territoire, dont 2,8 millions de Syriens. La communauté internationale se doit d’élaborer une feuille de retour pour favoriser le retour sûr et digne de ces personnes dans leur pays d’origine, a-t-il plaidé. El Salvador a loué à son tour les efforts déployés par son pays pour garantir les droits des migrants, regrettant toutefois que les institutions nationales se trouvent démunies face à cette problématique. Comment garantir l’égalité de traitement de tous les migrants, et comment relever ce défi tout en gérant celui que représentent les changements climatiques, s’est pour sa part interrogé le Bangladesh.
Le Portugal a exhorté les États Membres à s’engager contre l’apatridie, avant de demander au Haut-Commissaire comment mieux inclure l’objectif de l’éducation des enfants migrants dans la riposte internationale aux défis migratoires. À sa suite, l’Algérie a regretté que le rapport du HCR ne traite réellement pas des conséquences économiques et sociales de la présence de réfugiés dans les pays hôtes, surtout ceux qui en accueillent un grand nombre et depuis longtemps. Déplorant l’aggravation de la crise migratoire à l’échelle mondiale, la Türkiye a souhaité savoir, à l’approche du deuxième forum d’examen des migrations internationales, s’il serait possible de maintenir la dynamique positive du premier. Après avoir dénoncé les conséquences humanitaires de la guerre en Ukraine, l’Albanie s’est félicitée des rapatriements de Syriens et d’Afghans présents sur son sol. À cet égard, elle s’est enquise du suivi des réfugiés dans les régions transfrontalières. Le Myanmar s’est, lui, inquiété de la grave crise humanitaire née du coup d’État militaire de 2021 et du conflit qui sévit depuis, faisant état de cas de suicide de réfugiés. Certains ont cherché la protection du HCR dans des pays voisins mais ont été refoulés vers leur pays, comme beaucoup de victimes qui cherchent la protection internationale sans pouvoir l’obtenir, a-t-il déploré.
L’Ordre Souverain de Malte a fait valoir que la prise en charge des réfugiés ne peut se limiter à leur acceptation mais doit aller jusqu’à leur intégration. La délégation a fait part de projets encourageants menés en Ouganda auprès de migrants sud-soudanais. L’Italie a, elle, rappelé sa contribution de 71,2 millions de dollars au financement du HCR, avant de demander au Haut-Commissaire de préciser ses recommandations quant à la protection des personnes déplacées hors des frontières de leur pays. L’Union européenne a ensuite détaillé les axes de son engagement pour répondre aux crises humanitaires à l’origine de déplacements massifs, notamment dans la Corne de l’Afrique, au Soudan du Sud ou en Ukraine. Dans ce pays, la guerre a forcé 13 millions de personnes à quitter leurs foyers et a déclenché la pire crise de réfugiés en Europe depuis la Seconde Guerre mondiale, a-t-elle souligné. Rappelant qu’elle a accueilli plus de 100 000 Ukrainiens fuyant l’agression russe, la France a exposé les points saillants de son engagement en faveur des réfugiés, mentionnant entre autres la promotion des voies légales d’accès à l’eau et un programme de réinstallation dans plusieurs pays d’Afrique et du Moyen-Orient. Le Bélarus a lui aussi évoqué l’accueil des réfugiés en provenance d’Ukraine, mais depuis 2014, a-t-il précisé, assurant avoir toujours rempli de bonne foi ses obligations au titre de la Convention de 1951 relative au statut des réfugiés. Il a par ailleurs demandé au Haut-Commissaire une évaluation de l’impact des mesures coercitives unilatérales sur la capacité du HCR à soutenir efficacement les réfugiés. Pour sa part, le Honduras a rappelé qu’entre 2014 et 2018, environ 250 000 personnes ont été déplacées à l’intérieur de ses frontières. Il s’est félicité, dans ce contexte, d’avoir rejoint le Cadre régional intégré pour la protection et les solutions (MIRPS) en 2017.
En tant que co-hôte du prochain Forum mondial sur les réfugiés, la Suisse a demandé à M. Grandi comment s’assurer que le partage des charges et des responsabilités soit à la fois équitable et efficace. D’autres délégations ont insisté sur ce partage du fardeau, à l’instar de l’Afrique du Sud, qui, parlant au nom du Groupe des États d’Afrique, a rappelé qu’un tiers des déplacements forcés ont lieu sur le continent africain. Elle s’est aussi inquiétée du grand nombre de programmes nationaux humanitaires en manque de financement. Sur cette même ligne, la République islamique d’Iran a déclaré ne pas pouvoir assumer seule la charge des défis migratoires, lesquels devraient être partagés avec la communauté internationale. La délégation a plaidé en faveur d’un mécanisme efficace pour suivre les coûts liés à la prise en charge des réfugiés. Indiquant avoir alloué 400 millions de dollars à la riposte humanitaire depuis 2018, le Brésil a lui aussi appelé à un meilleur partage des responsabilités, rejoint sur ce point par le Nigéria et l’Indonésie, celle-ci rappelant que 86% des réfugiés se trouvent dans des pays en développement et invitant la communauté internationale à aider le HCR à accélérer les processus de réinstallation. La Thaïlande a soutenu à son tour le principe d’un partage équitable pour aider les communautés d’accueil à maintenir leur niveau d’assistance humanitaire. Elle a aussi souhaité qu’un mécanisme plus systématique soit mis en place pour distinguer les personnes ayant des besoins de protection internationale des migrants économiques.
De son côté, le Maroc s’est interrogé sur la façon dont le HCR suit la mise en œuvre des engagements pris dans le cadre du Pacte mondial pour les réfugiés. Il l’a en outre appelé à déployer plus d’efforts pour que l’assistance puisse toucher les migrants. Le Malawi a, lui, affirmé recevoir 400 réfugiés supplémentaires par mois, ce qui entraîne une surpopulation dans les camps et favorise la transmission de la COVID-19 et d’autres maladies. La délégation a voulu savoir comment les États Membres peuvent accueillir des réfugiés qui représentent une menace pour la sécurité nationale. Enfin, le Cameroun a demandé à M. Grandi des détails sur sa collaboration avec l’Organisation internationale pour les migrations (OIM) dans le cadre des déplacement internes et des mouvements migratoires mixtes. Il a d’autre part souhaité savoir si la Déclaration de Malabo signée par l’Union africaine peut apporter au HCR des perspectives intéressantes.
En réponse aux questions et observations des États Membres, le Haut-Commissaire des Nations Unies pour les réfugiés a tout d’abord estimé que le traitement des réfugiés en Europe est un exemple de bonnes pratiques, qui fait écho à d’autres mesures de protection temporaires prises notamment en Colombie, en Équateur, en République dominicaine et au Brésil, où il y a des programmes de régularisation de réfugiés et de migrants. En Afrique, a-t-il poursuivi, des pays comme le Niger et l’Ouganda fournissent des services à des centaines de milliers de réfugiés, et ce en dépit de ressources limitées. M. Grandi a également cité le cas du Kenya, qui a pris des initiatives très ambitieuses visant à intégrer dans des communautés locales des réfugiés du Soudan du Sud et de Somalie. Revenant au « très bon exemple » que constitue selon lui l’accueil et l’acceptation des réfugiés ukrainiens, il a salué la façon avec laquelle la Pologne met en œuvre concrètement la directive temporaire de l’Union européenne. En autonomisant les réfugiés, ce système donne à ces derniers davantage de liberté tout en représentant un moindre fardeau pour les autorités.
Le Haut-Commissaire a ensuite abordé les questions liées à la protection des groupes vulnérables, indiquant que le HCR compte y prêter une attention toute particulière, notamment en accordant la priorité aux activités de lutte contre l’exploitation sexuelle et la violence fondée sur le genre. Il a ajouté que la santé mentale fait également partie des priorités de son agence. Nous continuerons d’agir sur ce front et sur celui de l’éducation car il faut veiller à ce que les acquis obtenus pour garantir aux réfugiés et aux personnes déplacées l’accès aux services éducatifs ne soient pas perdus en raison des pressions socioéconomiques actuelles, a-t-il précisé.
Évoquant la question du non-refoulement, il a rappelé qu’il s’agit d’un principe fondamental sur lequel repose l’action du HCR pour protéger les réfugiés. Malheureusement, le refoulement et les déportations continuent de se produire, a-t-il regretté, saluant à cet égard les propos de l’Indonésie, qui, a-t-il dit, a parlé de façon « très convaincante » des réfugiés du Myanmar. Il faut éviter les déportations qui se sont produites dans cette région, a-t-il insisté, appelant à ne pas oublier non plus le sort des Rohingya qui avaient fui vers le Bangladesh avant le coup d’État militaire de 2021.
Avant de conclure, M. Grandi a indiqué qu’il compte aborder demain, mercredi, lors de son intervention devant le Conseil de sécurité, l’accès aux personnes placées sous la responsabilité du HCR ainsi que la question de la menace pour la sécurité que peuvent représenter certains réfugiés.
Discussion générale
M. GONZATO (Union européenne) a constaté que l’année écoulée a établi des records, avec plus de 100 millions de personnes déplacées fin mai. Dans la Corne de l’Afrique, a-t-il relevé, près d’un million de Somaliens ont été déplacés depuis le début de 2021 en raison de la sécheresse et le Soudan du Sud, avec un total de 4,5 millions de personnes toujours déplacées, est également en première ligne de la crise climatique. La guerre d’agression de la Russie contre l’Ukraine a déplacé à elle seule 13 millions de personnes et déclenché la pire crise de réfugiés en Europe depuis la Seconde Guerre mondiale, a rappelé le représentant, précisant que l’UE et ses États membres restent pleinement mobilisés pour faire face aux conséquences des crises prolongées et émergentes dans le monde, y compris en Europe, où 4 millions de demandes de protection temporaire ont été enregistrées.
L’UE, a-t—il ajouté, reste un donateur de premier plan pour les interventions d’urgence, en associant les efforts humanitaires et de développement conformément à sa politique en matière de déplacement. Saluant les efforts déployés par le HCR pour assurer la mise en œuvre des engagements pris lors du premier Forum mondial sur les réfugiés en 2019, il a dit attendre avec impatience le deuxième Forum l’année prochaine. Ce sera l’occasion de renforcer la solidarité mondiale et le partage des responsabilités dans un véritable esprit de partenariat, y compris avec les réfugiés et les organisations dirigées par des réfugiés, a affirmé le délégué, qui a appelé le HCR à mobiliser davantage les acteurs du développement et les institutions financières internationales afin de travailler à des solutions plus durables.
S’exprimant au nom du Groupe des Amis pour la défense de la Charte des Nations Unies, M. JOAQUÍN ALBERTO PÉREZ AYESTARÁN (Venezuela) a tout d’abord appelé à traduire en justice ceux qui commettent des crimes contre le peuple palestinien. Il a ensuite dénoncé les tendances unilatérales et les conceptions « exceptionnalistes », y voyant la principale source des déplacements dans le monde, notamment en raison d’intérêts économiques. Le représentant a dénoncé les mesures coercitives unilatérales qui privent un tiers de l’humanité de ses droits humains et entravent la réalisation des objectifs de développement durable. Il a aussi souligné qu’il importe d’éviter tout amalgame entre les migrants d’un côté, et les déplacés et les réfugiés de l’autre, amalgame dont certains États peuvent se servir pour nier les droits des personnes déplacées de force.
Au nom du Conseil de coopération du Golfe (CCG), M. ABDULAZIZ M. ALWASIL (Arabie saoudite) a d’emblée souligné l’aide apportée par le CCG pour fournir une aide aux réfugiés conformément aux principes humanitaires et sur la base de l’enseignement de la sagesse de l’Islam. Il a fait part de sa préoccupation face à l’augmentation du nombre de réfugiés dans le monde qui dépasse les 100 millions aujourd’hui. Les États du CCG ont une « position claire », mettre en œuvre toutes les possibilités pour fournir des soins de santé, et des services d’aide aux réfugiés, avec l’aide du HCR, a indiqué le délégué, rappelant que les pays du CCG sont à la pointe en matière d’aide humanitaire.
M. STEPAN Y. KUZMENKOV (Fédération de Russie) s’est félicité de la diminution continue du nombre d’apatrides en Russie, précisant que son pays continue d’appuyer les efforts du HCR sur cette voie. Il a indiqué que depuis le mois de février 2022, 4,5 millions de réfugiés sont arrivés « chez nous volontairement » depuis les républiques populaires de Donetsk et Lougansk et d’autres régions « dont celle de l’Ukraine », affirmant que ces personnes fuient le régime nationaliste de Kiev. Il a assuré que la Russie prend toutes les mesures pour les aider, y compris en simplifiant et facilitant les procédures pour officialiser leur séjour sur le territoire.
M. KHALED ALY AWADALLA HASSAN (Égypte) a indiqué que 300 000 réfugiés de 60 nationalités vivaient en Égypte où ils avaient accès aux services de base. Il a aussi fait savoir qu’une plateforme pour les réfugiés et les migrants avait été créée dans son pays avec les agences des Nations Unies concernées sous l’égide du Coordonnateur résident. Il s’est inquiété au déficit de financement du HCR et a appelé à assurer son financement.
M. WANG LIXN (Chine), a appelé à permettre aux réfugiés de rentrer chez eux et à les aider à accéder aux vaccins en les intégrant aux plans nationaux de relèvement après la pandémie, ajoutant que la Chine contribue largement à ces efforts. Il a ensuite assuré qu’elle continuerait de collaborer avec le HCR.
M. ANDREW ODHIAMBO BUOP (Kenya) a assuré que son pays continuera de respecter ses obligations d’accueil et de protection des réfugiés. Il a cependant réitéré son appel en faveur d’un partage de la charge et des responsabilités, conformément au Pacte mondial sur les réfugiés. Réaffirmant l’engagement du Kenya à défendre les principes de la protection internationale des réfugiés au niveaux international, régional et national, il a indiqué qu’une nouvelle loi, entrée en vigueur en février dernier dans son pays, renforce la gestion de ces populations en consolidant les dispositions de plusieurs instruments juridiques internationaux. Toutefois, a ajouté le délégué, le Kenya fait face, en tant que grand pays hôte de réfugiés, à des défis croissants, notamment la surexploitation de ressources rares, la dégradation aiguë de l’environnement, le stress exercé sur les moyens de subsistance des communautés d’accueil et, dans certains cas, les conflits entre ces communautés et les réfugiés. À cela s’ajoutent la faiblesse des crédits budgétaires pour répondre à cette pression et l’exploitation des camps de réfugiés par les terroristes. De fait, a-t-il conclu, le moyen le plus efficace de traiter le problème des réfugiés reste de s’attaquer aux causes profondes des conflits, des déplacements forcés et de promouvoir la paix et la sécurité, de soutenir les efforts visant à réduire la pauvreté, de réduire les risques de catastrophe et de fournir une aide humanitaire et une aide au développement aux pays d’origine et d’accueil.
Mme MORUKE (Afrique du Sud) a indiqué que les réfugiés s’intègrent dans la société sud-africaine et peuvent jouir de droits fondamentaux tels que l’éducation, la santé et l’accès à la justice. Toutefois, a-t-elle relevé, si les réfugiés gagnent en autonomie grâce à leur inclusion économique au sein des communautés, celles-ci sont elles-mêmes pauvres et luttent pour trouver un emploi. De fait, la concurrence accrue pour des ressources limitées a pour conséquence involontaire des tensions sociales au sein de la société, a fait observer la déléguée, plaidant pour des efforts plus intégrés de collaboration et de coopération de la part du HCR et de la communauté internationale pour prévenir ces problèmes. Elle a ajouté que son pays est préoccupé par l’augmentation des déplacements, exacerbés par l’impact des changements climatiques dans le monde, en particulier sur le continent africain. L’Afrique du Sud reste néanmoins engagée à soutenir le travail du HCR et appelle à une plus grande collaboration au niveau local, régional et mondial pour sauvegarder la vie des personnes contraintes de quitter leurs foyers.
Mme LEONOR ZALABATA TORRES (Colombie) s’est félicité que son pays co-organise le prochain Forum mondial sur les réfugiés, qui se tiendra en 2023 à Genève. Ce forum, a-t-il dit, représente une occasion précieuse de faire le point sur les progrès, les défis et les nouvelles opportunités dans la recherche d’une réponse globale pour les demandeurs d’asile, les réfugiés, les communautés d’accueil et les autres personnes concernées. À cette occasion, des bonnes pratiques seront partagées et nouveaux engagements seront pris pour alléger les pressions sur les pays d’accueil et à développer l’autonomie des réfugiés, a précisé le délégué. Il a par ailleurs exprimé sa préoccupation concernant le nombre croissant de migrants et de réfugiés qui traversent la région du Darién, jugeant impératif de rechercher des solutions durables et soutenables.
Il est temps d’imaginer des stratégies qui s’attaquent structurellement aux causes qui génèrent ces déplacements dans des conditions dangereuses et qui créent des vulnérabilités pouvant donner lieu à des violations des droits de l’homme, a-t-il alerté.
Mme JEANNE MRAD (Liban) est revenue sur les lourdes répercussions du conflit syrien sur le Liban. Alors que nous vivons la plus grave crise économique et financière de notre époque moderne, nous continuons d’accueillir le plus grand nombre de réfugiés dans le monde comparé à notre population, a-t-elle expliqué. La déléguée a fait état de 2,2 millions de réfugiés syriens sur son sol, ce qui représente plus de la moitié de la population libanaise. Cette crise crée des répercussions négatives sur le Liban, sur le plan économique, social, environnemental ou encore sécuritaire, a-t-elle mis en garde, alertant également sur le fléau du choléra qui laisse présager une catastrophe sanitaire. Par ailleurs, elle a indiqué que le Liban a repris les voyages de retour volontaire, après une halte en 2020 à cause de la pandémie, insistant sur le caractère volontaire de ces retours. En effet, depuis 1948, le Liban n’a jamais expulsé un déplacé ou un réfugié, a-t-elle affirmé.
Mme NELLY BANAKEN ELEL (Cameroun) a indiqué que 4 millions de personnes ont besoin d’assistance humanitaire au Cameroun, notamment des déplacées et des réfugiées. La lutte contre la secte islamiste Boko Haram, les effets de l’asséchement du lac Tchad, les répercussions de la crise économique et les vulnérabilités chroniques contribuent à un niveau élevé d’insécurité alimentaire et à un risque élevé d’épidémie et de chocs climatiques, a-t-elle mis en garde. Elle a fait part du lancement au Cameroun du Pacte d’assistance humanitaire d’urgence, et d’opérations d’identification et d’enregistrement bioéthique des réfugiés vivant dans le pays.
La représentante a estimé centrale la coordination humanitaire entre les différentes parties prenantes, le Gouvernement et les agences des Nations Unies. Elle a également appelé à prendre en compte les spécificités nationales de chaque État, un modèle standard ne pouvant pas fonctionner. Enfin, elle a rappelé l’importance du principe d’indépendance et de neutralité de tous les acteurs humanitaires, estimant urgent que soit renforcé le nexus entre les programmes de développement et d’assistance humanitaire.
Mme ISABELLA REGINA RIVERA REYES (Honduras) a indiqué qu’entre 2014 et 2018, 250 000 personnes avaient été déplacées de force au Honduras. Elle a ajouté que le pays reconnaissait le statut des déplacés, notamment en raison de la violence des groupes criminels, et avait adhéré au cadre régional pour les déplacés de 2017. Elle a ensuite appelé à mettre en place des systèmes de protection des déplacés et réfugiés.
M. IGOR PILIPENKO (Bélarus) a souligné sa bonne coopération avec le HCR qui a ouvert un bureau dans le pays en 2015. Il a indiqué que son pays avait adapté sa législation nationale, accueilli des réfugiés ukrainiens en 2014 et 2022 et n’avait jamais fermé ses frontières. Il s’est inquiété de la discrimination à l’égard des réfugiés dans certains pays voisins du Bélarus l’année dernière alors que ces mêmes pays ont accueilli des millions d’Ukrainiens sans difficulté cette année. Le problème semble surtout être la provenance des réfugiés, a-t-il relevé.
M. AZRIL BIN ABD AZIZ (Malaisie) a indiqué que son pays abrite 200 000 réfugiés, auxquels le Gouvernement, en partenariat avec le HCR, a assuré une importante couverture vaccinale contre la COVID-19 et autres soins. Il a insisté sur l’éducation des enfants de réfugiés, notant que les pays d’accueil pourraient s’en trouver culturellement enrichis. L’afflux continu de réfugiés est massif a déploré le délégué, ajoutant que beaucoup sont dans le pays depuis plusieurs années, ce qui représente un fardeau pour la Malaisie. Le délégué a ainsi exhorté les États parties à la Convention de 1951 d’honorer leurs obligations juridiques de réinstaller les migrants issus de leurs territoires. Il a également plaidé en faveur du principe du partage des responsabilités.
M. VATHAYUDH VICHANKAIYAKIJ (Thaïlande) s’est prononcé en faveur d’un mécanisme systématique permettant de faire la différence entre les personnes ayant besoin d’une protection internationale et les migrants économiques afin d’allouer les ressources à ceux qui en ont le plus besoin. Il a indiqué que la Thaïlande travaille à une feuille de route pour retirer sa réserve à l’article 22 de la Convention relative aux droits de l’enfant qui porte sur les enfants réfugiés. Il s’est également associé à l’appel lancé par le HCR pour mettre fin à l’apatridie, précisant que son pays se mobilise pour le faire reculer.
M. AKAD YASAR MOHAMMAD AL-KASAWNIH (Jordanie) a souligné que son pays a toujours été une terre d’asile, qui compte le plus grand nombre de réfugiés proportionnellement aux citoyens jordaniens, soit 3,7 millions de 53 nationalités, la plupart étant des Palestiniens et des Syriens. Il a reconnu les difficultés de son pays pour faire face à cet afflux de réfugiés en raison de la rareté des ressources. Il a précisé que la situation des Palestiniens dans son pays n’a rien à voir avec le mandat du HCR, mais relève de celui de l’UNRWA. Il s’est inquiété des problèmes financiers de l’Office qui limitent ses efforts pour aider les réfugiés palestiniens.
M. ALABHOUL (Koweït) a mis en avant le soutien apporté aux réfugiés grâce à la non-politisation de la fourniture de l’aide. Pour lui, le problème des réfugiés est le symptôme des conflits armés avec leurs lots de crise économiques et sociale. S’agissant des réfugiés palestiniens, il a fustigé l’occupation illégale par Israël des territoires palestiniens, ainsi que l’implantation et l’expansion des colonies de peuplement dans le but de changer le caractère démographique des territoires occupés. Il a demandé à la communauté internationale d’agir pour mettre un terme à cette occupation.
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