Le film Presque, qui sort le 26 janvier au cinéma et qu’Alexandre Jollien cosigne et interprète avec Bernard Campan, porte comme sous-titre une phrase d’Érasme : « On ne naît pas homme, on le devient. » C’est cette même formule qui ouvre ces Cahiers d’insouciance, sans doute parce que, pour devenir homme, le chemin est le même sur le papier qu’à l’écran : il faut cesser de se préoccuper de son ego, de « s’accrocher à un but, à un idéal » et de vouloir mener sa vie comme un combat. Avec ses aphorismes inspirés de Nietzsche et du bouddhisme – surtout du Tibétain Chögyam Trungpa –, l’insouciance que Jollien cultive dans ce texte très personnel pourrait paraître une apologie du je-m’en-foutisme, tant il décline le leitmotiv de ce qu’il appelle « CCL, couldn’t care less. Rien à battre ! » En réalité, c’est plutôt la manière qu’a ce sage de vivre son handicap et d’inviter ses lecteurs à dépasser leurs peurs pour accepter l’existence comme elle est. « Origine du problème : chercher une sécurité qui n’existe pas. » Un détachement libérateur.
Un regard acéré sur les faiblesses de ses contemporains, une anticipation de la théorie des pulsions, l’ouverture de la pensée occidentale au bouddhisme, la philosophie de Schopenhauer a inauguré bien des pistes.
Dans son dernier ouvrage, La Sagesse espiègle (Gallimard, 2018), Alexandre Jollien révèle un moment de son existence où il a été pris dans l’engrenage d’une dépendance. Avec sincérité, il raconte son enfer et la manière dont il s’en est sorti.
Il y a trois ans, Alexandre Jollien est parti avec femme et enfants vivre en Corée du Sud. Là-bas, le philosophe a suivi l’enseignement d’un maître zen et pratiqué la méditation. Sans trouver l’apaisement qu’il était venu chercher. De retour en Europe, il partage avec nous l’expérience de cette quête spirituelle.
Pour Alexandre Jollien, philosopher a d’abord été une arme pour surmonter son handicap. Aujourd’hui, il souhaite bâtir une pensée apaisée.
Qu’est-ce que vivre normalement, avoir deux enfants et écrire des livres, lorsqu’on est un infirme moteur ayant vécu dix-sept ans en institution ? Cet exploit, c’est le quotidien du philosophe Alexandre Jollien qui nous a acueilli chez lui à Lausanne. Il raconte son combat pour la joie.
Ils n’ont rien en commun si ce n’est une allure hors norme et la nationalité suisse. À ma gauche, le penseur Alexandre Jollien, physiquement handicapé et auteur du Philosophe nu. À ma droite, le critique d’art Étienne Dumont qui a métamorphosé son corps en un bijou bizarre dédié à la subculture du tatouage. Soit deux points de vue privilégiés sur ce que les hommes du commun nomment « normalité ».
Face aux accidents de l’existence, le penseur stoïcien est un guide. Il offre une véritable thérapeutique qui soigne des vaines illusions pour mieux nous ancrer dans le présent.
Bernard Campan se sert du cinéma pour penser contre lui-même. Alexandre Jollien utilise, lui, la philosophie pour faire la paix avec lui-même. Entre eux, l’amitié s’est imposée comme une évidence, un apprentissage de la différence et du respect, dont ils nous délivrent quelques conclusions.