Si la fibre optique n’est peut-être pas encore arrivée au milieu de l’Himalaya, elle est installée à Saint-Léon-sur-Vézère (Dordogne), et ce n’est certainement pas le centre Dhagpo Kagyu Ling qui va s’en plaindre. Comptes Instagram et Facebook , chaîne Youtube , site Internet et retransmission de certains enseignements en streaming – en temps réel sur différentes plateformes en ligne – le centre d’études et de méditation bouddhiques utilise pleinement les moyens numériques à disposition.
« Je pense qu’un outil, quelle que soit la forme qu’il prend, n’est ni bon, ni mauvais. Ce qui compte, c’est l’utilisation qu’on en fait et l’orientation qu’on lui donne », prêche Alexandra…
« Je pense qu’un outil, quelle que soit la forme qu’il prend, n’est ni bon, ni mauvais. Ce qui compte, c’est l’utilisation qu’on en fait et l’orientation qu’on lui donne », prêche Alexandra Gonzalez, responsable web et multimédia de la structure. Avec trois autres bénévoles, la jeune femme gère chaque jour les contenus multimédias qui seront proposés en ligne. « Le message du bouddhisme est universel, atemporel. À nous de savoir utiliser tous les leviers pour le faire connaître », renchérit Jean-Guy de Saint-Périer, le président de la structure.
Une dizaine de jours seulement après l’annonce du confinement, le centre proposait déjà à ses milliers d’adhérents des enseignements en streaming. Anne Parvéry, responsable communication, précise les raisons de cette efficacité : « En amont, nous avions évoqué la possibilité de faire certaines séances à distance. Le confinement n’a fait qu’accélérer ce processus, même si rien ne remplace la présence effective sur les lieux. »
Le responsable de l’accueil, Nybou, apprécie cette ouverture : « Pour les méditations, on avait presque 200 personnes connectées quotidiennement, et encore plus lorsque les grands maîtres exposaient leurs enseignements. » Le streaming, un moyen de maintenir le lien avec les plus fidèles, certes, mais aussi de nouer des relations avec un public plus diffus et plus lointain.
L’ouverture d’un compte Instagram il y a quelques mois entre aussi dans le cadre de cette démarche. « On se rend compte que certaines personnes âgées ont créé un compte dans le but de pouvoir suivre notre actualité. Les jeunes aussi, mais dans l’absolu, on ne va pas tout de suite s’inscrire sur TikTok (1) », plaisante Nybou. Même son de cloche pour Alexandra Gonzalez qui trouve une raison presque sentimentale à ce succès : « On fait ça avec le cœur et je pense que cela transparaît dans la gestion de nos réseaux sociaux. Plus globalement, sur le web, on essaye de répondre de manière positive à tous les messages, même lorsqu’on a affaire à des trolls (2). »
La webmaster bouddhiste est très modeste. Si beaucoup de structures rechignent à étendre leur influence sur le web, c’est que la tâche est chronophage et parfois ingrate. Preuve en est, Dhagpo s’est muni d’une charte d’utilisation pour les réseaux sociaux, preuve en est de l’importance de ces derniers pour la diffusion du message de Bouddha. Jean-Guy de Saint-Périer tient toutefois à apporter une nuance : « Nous n’essayons en aucun cas de gagner des parts de marché. Nous souhaitons juste nous intégrer du mieux possible dans notre époque. » Si l’implantation du centre en Périgord noir ne date que de 1975, Dhagpo a un véritable recul sur l’importance des médias dans la diffusion d’un message religieux comme le rappelle Anne Parvéry : « En 2 500 ans, les messagers du bouddhisme ont utilisé tous les moyens à leur disposition. Les statues, le papier et maintenant le web. C’est un véritable héritage. »
Pas question pour autant de tomber dans les travers du numérique, qui seraient véritablement contre-productifs pour la clarté du message. « Notre stratégie, c’est comprendre. Il se passe beaucoup de temps avant que nous prenions une décision à Dhagpo », sourit le président de la structure. Nybou le complète : « Sur les réseaux sociaux, nous allons à contresens du culte de la vitesse. Nous partageons du contenu, mais toujours avec un message. Nous préférons “bien partager” que “vite partager”».
(1) Réseau social de partage de vidéos très populaire chez les jeunes. (2) Comportement sur le web qui vise à initier volontairement des polémiques.